EXPOSE : Mini-crosière dans les Calanques de CASSIS
- Cet exposé est composé de deux chapitres :
1- Mini croisière et découverte des calanques.
2- Formation des calanques
NB: des photos et documents seront rajoutés sous une semaine.
I-Faire une mini-croisière en bateau en longeant les calanques de Cassis, c’est pouvoir observer un paysage unique et profiter d’un spectacle d’une rare beauté. On suit de hautes falaises blanches tombant verticalement dans la mer, et on pénètre dans une suite de calanques toutes diverses, baignées d’une eau turquoise claire.
Par exemple, nous prenons le bateau à Sanary, puis cap au 260 après Bandol nous sommes au large de La Ciotat et de son Bec de l’Aigle, formation de poudingues composés d’une accumulation de galets arrondis enrobés dans un ciment de grès, résultant d’un ancien déversement alluvionnaire et donnant à la côte un profil singulier. Puis, nous longeons le Cap Canaille – la plus haute falaise de France : 400 m – doublons Cassis, et nous abordons les calanques.
Celles-ci représentent pour la région un paysage merveilleux et bien particulier, qui sont des sites classés, baignés par des eaux limpides, et dans un grand calme minéral.
Le grand massif des calanques, de 15 km de long, est constitué d’une série de reliefs calcaires principalement URGONIENS, datant du crétacé inférieur à – 115 Ma. C’est donc dans l’Urgonien que se creusent la plupart des calanques dont, en particulier, on peut remarquer les grandes dalles d’urgonien à la presqu’île de Port-Miou.
CALANQUE – est un terme d’origine provençale « CALANCO » désignant une crique abritée, étroite, entourée de falaises rocheuses abruptes.
Donc, après Cassis, nous admirons successivement :
1°) Port-Miou – de 1,5 km de longueur, comprend la « Pierre de Cassis », calcaire dur et d’excellente qualité, ayant servi à la construction de nombreux ports : Marseille, Toulon, Gênes … ainsi que les quais du Canal de Suez, et une partie de socle de la Statue de la Liberté à New-York. Port-Miou est actuellement un port de plaisance.
>– accessible également en une heure de marche depuis Cassis.
3°) En-Vau - « la superbe » - les falaises impressionnantes ont 200 m de hauteur, c’est un lieu d’entraînement pour les alpinistes. A son entrée on remarque le rocher dit « le doigt de Dieu ». La mer pénètre dans un défilé étroit, au milieu de pins vert-sombre et la pierre y est éclatante. Au fond, une belle plage de galets. C’est un très bon abri pour les bateaux.
4°) L’Oule – en provençal « marmite » - Calanque semi-circulaire qui délimite la grande falaise de Dévenson de 330 m de hauteur ; elle est ainsi la deuxième falaise maritime de France après le Cap Canaille.
5°) Sugiton – séparée en deux par un rocher : le « Torpilleur » - La falaise présente une particularité géologique surprenante : les «Orgues de Sugiton » ou « Brèche du Castel Vieil », qui sont un faisceau de fractures (ou DIACLASES) hautes et verticales de la roche, c’est spectaculaire ! Le bateau s’arrête un instant pour pouvoir admirer. Cette calanque est dominée par le massif du Puget, falaises de calcaires argileux et de bancs de silex, datés du crétacé inférieur : - 120 Ma, Hauterivien. D’ailleurs, dans les calanques, de nombreux sentiers sillonnent le massif et permettent l’exploration de l’ensemble de tous ces lieux, plus ou moins difficiles !
6°) Morgiou – large calanque qui abrite un petit port, où se nichent des cabanons de pêcheurs. Accès par mer, ou par terre à partir des Baumettes. A partir de là, le « Sentier des Crêtes » est un parcours de 11 km qui offre une belle vision d’ensemble sur les paysages des calanques. La forme spéciale de cette calanque, longue et évasée, est le résultat de la formation d’une ancienne vallée glaciaire comblée par la mer.
Dans ce secteur se trouve la fameuse « Grotte Cosquer » dont la découverte a relancé l’intérêt pour la spéléologie marine (photo – coupe), découverte en 1991 par Henri Cosquer ; l’entrée se situe au niveau – 36 m sous l’eau, suivie d’un long boyau de 150 m, formant une caverne étroite ouverte à la base de la falaise de calcaire Urgonien, le couloir remontant peu à peu à la côte 0 ; on débouche alors dans une salle partiellement inondée et dont les parois et voûtes sont ornées de différents motifs et peintures : bouquetins, chevaux, bisons, phoques, pingouins, etc. Cela date de – 20.000 à – 25.000 ans, époque qui subissait un climat rigoureux puisque datant de la fin de la glaciation Würmienne. Il resterait encore de nombreux couloirs à explorer.
7°) Sormiou – en provençal – la meilleur source – jumelle de Morgiou, entre Cap Morgiou et Bec Sormiou ; c’est également une ancienne vallée glaciaire comblée par la mer. C’est la plus large des calanques, la plus fréquentée, avec port de pêche, cabanons, plage de sable. Les marcheurs courageux qui y accèdent depuis les Baumettes passent par le Col de Sormiou et une route pittoresque, découvrant une eau très claire, et un très beau site d’escalade.
8°) Après Sormiou, nous croisons une nouvelle série de profondes échancrures et nous rencontrons des calanques plus discrètes, des dentelles fines, avec ou sans plage. Citons : la calanque de Podestat, puis celle de
Queyrons, puis
Marseille Veyre, celle de la
Mounine, de
Calelongue ; nous sommes au seuil de Marseille avec
Les Goudes … et cela fait 14 calanques.
Pendant cette navigation nous avons été surveillés par les grandes îles au large :
Riou, Congloue, Calseraigne, Jarre et Maire.
Examinons le processus de formation géologique des calanques.
FORMATION DES CALANQUES
Le principe de la formation des calanques est le suivant : initialement, il y a à la base un soubassement hercynien de – 300 Ma qui constitue un socle de roches primitives dures.
Et puis, dans la période Permien – Trias – Jurassique – Crétacé, au fond d’une mer chaude qui occupe toute la région, et durant des millions d’années, un mélange de gaz carbonique et de calcium vient former une masse de roches en carbonate de calcium, sur une hauteur de 1.500 m. On appelle cela le crétacé marin au faciès urgonien. Ce calcaire contient des fossiles marins, coquillages, rudistes, types mollusques bivalves, radiolites, hippunites etc. , que l’on retrouvera partout, éparpillés dans le massif, y compris sur les crêtes des falaises ;
Cette masse de calcaire blanc sédimentaire subit une poussée verticale dite « surrection », qui est un mouvement tectonique de bas en haut, identique et parallèle au soulèvement de la Provence et à la formation orogénique (des montagnes) des Alpes, créant un grand massif de 600 m de hauteur. Ce mouvement crée évidemment des entailles dans le massif et des creusements de ravins, les futures calanques ; la zone subit des montées et des descentes du niveau de la mer ; un phénomène Karstique important se forme, que nous examinerons par la suite ; et aussi des périodes de différentes glaciations.
Ces différents stades participent à l’élaboration des calanques actuelles. Notons que c’est au quaternaire – 1,5 Ma, que le niveau de la mer est remonté, noyant la partie aval des Calanques, pour redescendre et remonter plus tard, avec des conséquences à la grotte Cosquer.
Notons enfin que l’on aura une flore tributaire de cette géologie, à savoir : la présence de Pins d’Alep ; du fait du calcaire et de la silice du silex, des bruyères, des ajoncs, des genêts – dans les zones calcaro-marneuses du crétacé inférieur – 130 Ma, riches en éléments ferrugineux, la présence des Iris nains.
Ainsi, dans ce grand massif des Calanques, d’une longueur de l’ordre de 15 km, se distingue une caractéristique géologique générale : le
modèle KARSTIQUE (le nom Karst découle d’une région de Croatie montrant ce modèle typique d’érosion).
Ce qui va agir et modifier le paysage en surface et en profondeur, c’est le phénomène de base d’érosion suivant : les eaux courantes, chargées en gaz carbonique, dissolvent les calcaires, et leur donnent des formes d’érosion particulières, le modèle Karstique, qui comprend une série de structures :
- en surface, les affleurements rocheux calcaires sont formés de trous parfois profonds (50 cm à 1 m), de rigoles, de reliefs en lames ou arêtes tranchantes, sur lesquelles il est très difficile de marcher : ce sont les
lapiaz ;
- en surface également, il se produit des zones effondrées en dépression, de diamètres ou dimensions variées, à fond plat garni généralement d’une terre rouge argileuse : ce sont les dolines. Lorsque ces
dolines sont de grande dimension, on a affaire à des
poljés ;
- en marchant en surface on peut rencontrer aussi de grands trous ou puits verticaux que l’eau a creusés, les
avens ;
- le modèle Karstique souterrain est constitué par un ensemble de cavités, formant des
grottes de profondeurs et longueurs variables, avec le plus souvent,
stalactites et stalagmites souvent avec un écoulement des eaux formant des petites rivières souterraines et qui, ressortant du massif en plein jour, constitue des
résurgences, sources d’eau douce. Celles-ci peuvent apparaître sous le niveau de la mer comme à Port-Miou.
Ainsi existe tout un réseau et un fonctionnement hydrologique dans ce modèle karstique d’un débit variable de 5 à 150 m3/seconde. Le début de cette évolution karstique est daté du Miocène – 23 Ma.
Tous ces phénomènes géologiques créant des spectacles captivants ont attiré l’intérêt des spéléologues qui ont un terrain d’exploration varié et loin d’être terminé.
Tout cela est une synthèse rapide sur ce petit voyage.
De cette exploration nous garderons certainement un très bon souvenir, inoubliable, de ce paysage grandiose.
Jacques SENECHAL
Références :
- Découverte géologique de Marseille (et de ses environs)
G. GUIEU – J. RICOUR – J. ROUIRE – Dr ès sciences-géologues – Edition B.R.G.M.
- Photos – Les Calanques – Brochure et divers
MERCIANI et GANDRON – Editions P.E.C.