Article Géologie.
titre:Le Mercantour : Vallée des Merveilles
auteur:Delphine GIRAUD - T&V - Ile-De-France
date:07-05-2006 


Cet article a été rédigé par Delphine GIRAUD, Terre et Volcans Île De France
Ceci est le résultat de 6 campagnes de relevés sur le terrain.
Toutes les photos sont également de Delphine GIRAUD ou de ses collègues qui ont participé à ces campagnes(rendez-vous dans notre "Gallerie Photos")


VALLEE DES MERVEILLES
MERCANTOUR


Au sud du Parc National du Mercantour, la vallée des merveilles a beaucoup subi l’influence de l’Homme au cours des temps. Lors de la deuxième guerre mondiale cette région était italienne et c’était la ligne frontière avec la France. Cette influence a affecté profondément le paysage. Mais les Hommes de tous temps ont marqué cette région, de ceux de l’âge du bronze aux bergers d’avant guerre : de nombreuses figures ont été gravées sur les roches.

Cette région est située en bordure du massif cristallin externe des Alpes. Le sommet qui se trouve au centre de la zone gravée est le Mont Bego avec 2 872 m d’altitude. Le paysage présente des vallées aux parois abruptes avec de nombreux lacs dans les zones plus larges. L’avancée des glaciers du quaternaire a creusé les terrains, déposé des moraines, laissant après leur retrait des roches striées et un chaos de blocs qui donne son charme caractéristique à la région.


LAC LONG SUPERIEUR ET INFERIEUR


Les gravures sont partout, parfois visibles que par un œil exercé, elles sont de plusieurs types :

Pour les 30 000 gravures protohistoriques : il y a 46% de corniformes ou figures cornues, 7% de figures géométriques ou réticulés, 4% d’armes et outils, 0,2% de figures anthropomorphes et 42,8% de figures non représentatives.

Pour les gravures historiques dites populaires : il existe une inscription romaine, des gravures linéaires du moyen-âge, et de nombreux dessins de personnages, bateaux, armes, animaux, signes religieux mais aussi textes, noms de bergers, matricules de militaires s’étalant jusqu’à l’après guerre.

Plusieurs scientifiques ont étudié le site gravé, Clarence BICKNELL de 1881 à 1918 et Carlo CONTI de 1927 à 1942 parmi les principaux. Depuis la deuxième guerre mondiale la région est française, et à partir de 1967, les chercheurs du Laboratoire de préhistoire du musée de l’Homme et de l’Institut de Paléontologie Humaine mènent chaque été des campagnes de relevés systématiques de toutes les gravures, sous la direction de Henry DE LUMLEY.

L’étude des poignards, des hallebardes, et des haches, permet de dater l’époque d’exécution des gravures du néolithique final au chalcolithique. Elles peuvent être attribuées aux civilisations du Rhône (Alpes) et du Piémont. La présence constante de hallebardes et l’absence d’épées laissent penser que les gravures sont antérieures à l’âge du bronze moyen. L’ensemble des gravures de la région du mont Bego aurait été exécuté entre 3 200 et 2 000 ans avant J.-C. et ont été réalisées au moyen d’une pointe en quartz par pression-rotation provoquant une forte abrasion de la roche.


POIGNARD



2 CORNIFORMES ATTELES



RETICULE


Ce site serait dédié au culte du Dieu taureau, souvent observé dans le bassin méditerranéen.

Dans la montagne sacrée du Bego habiterait le couple divin primordial, le Dieu taureau ou Dieu de l’orage dispensateur de la pluie et la déesse-terre. Le Dieu taureau serait symbolisé par ses attributs, deux poignards côte à côte, et la déesse-terre par des réticulés évoquant les champs cultivés. Ils peuvent également être représentés parfois par des figures anthropomorphes.


GRAVURE PRINCIPALE DITE « LE SORCIER »


Ces peuples de la civilisation du Rhône et du Piémont devaient implorer le Dieu de l’orage, afin qu’il répande ses eaux fertilisantes sur les champs de la vallée brûlés par le soleil.
Cette région présente des terrains acides, des prairies à plus de 2 000 m d’altitude, dont certaines sont des tourbières. On trouve des fleurs comme par exemple le Lys martagon l’Aster ou l’Orchis Vanille, mais bien d’autres encore…


LIS MARTAGON



ORCHIS VANILLE


Et de nombreux animaux tels que le Chamois…



BIBLIOGRAPHIE : LE MONT BEGO guides archéologiques de la France.
Henry DE LUMLEY avec la collaboration de son équipe scientifique d’études sur le terrain.
Ministère de la culture 1996.


Infos pratiques :


Pour se rendre dans la vallée des Merveilles, passer par Nice puis Vintimille et remonter la vallée de la Roya, jusqu'à Tende, il y a 1H de route soit 80 KM. Cette route est très belle et présente de nombreux villages accrochés à la montagne qui méritent un détours, tellement ils sont intrigants. A Tende se situe le Musée des Merveilles, qui présente les trésors immenses de cette région. Une visite est nécessaire avant d’aller voir les gravures.
Site Internet :http://www.cg06.fr/w_musee_merveilles/w_merveilles_fr/html/start.html

Il est nécessaire d’utiliser la carte IGN TOP 25 3841 OT Vallée de la Roya. Aller jusqu’au barrage des Mesches, puis une longue marche d’un dénivelé de 760m vous amènera au refuge des Merveilles. A mi-chemin vous entrez dans le parc, donc la réglementation s’applique : pas de chien, pas de cueillette, pas de déchets, pas de camping…mais beaucoup de respect des êtres vivants et des lieux.
Site Internet : http://www.parcsnationaux-fr.com/accueil/

Le refuge des Merveilles (CAF) est le plus couru de France, pour y dormir réservez tôt ! De là vous êtes dans une zone réglementée du parc qui n’autorise que la promenade sur les grands sentiers, notamment le GR, et qui interdit FORMELLEMENT les battons ferrés de marche. Leurs chocs sur les roches éventuellement gravées peuvent les endommager. Ce sont des mesures de préservation des gravures, celles-ci ayant été trop dégradées par des personnes peu respectueuses. Les nombreux gardes du parc veillent au bon respect des règles.

Pour aller les voir, des guides sont à la disposition du public au départ du refuge des Merveilles. Certains sont formés par le musée des Merveilles, mais pas tous. La qualité des explications dispensées peut varier entre ceux qui présentent objectivement les dernières recherches archéologiques, et ceux qui n’évoquent que des thèses farfelues ou erronées par manque de connaissances !

Pour une visite optimale : Prévoir une ½ journée pour monter au refuge des Merveilles, partir tôt le matin afin d’éviter les gros orages de fin de journée, dormir au refuge ou sous tente dans les zones autorisées. Prévoir une visite pour le lendemain, elles débutent vers 9H, puis redescendre ensuite.

Delphine GIRAUD
Enseignante en SVT


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