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titre:Le Troglodyte Mignon
auteur:Michel Bouillot - Ornithologue (Museum National) Terre et Volcans 83
date:25-09-2015 


Michel Bouillot


LE TROGLODYTE MIGNON (Troglodytes troglodytes L.)


Oiseau familier, très actif, minuscule, au chant puissant pour sa taille, nous allons découvrir le Troglodyte mignon.
Ce très petit passereau est souvent confondu avec le Roitelet.
Alors que de nombreuses espèces existent en Amérique du Nord, une seule figure dans le Vieux Monde. Troglodytes appartient à la famille des Troglodytidés, ordre des Passeriformes.



L’OISEAU

Toute petite boule de plumes brunes (9 à 10 cm de longueur totale) piquée d’une queue dressée (4 cm), il se faufile à la façon d’un minuscule rongeur entre les racines ou dans la strate basse des buissons ou des haies.

(1) Les deux sexes sont semblables, caractérisés par un dessous brun roussâtre, un dessous blanchâtre à brunâtre, un étroit sourcil clair. Ce « fureteur infatigable » ne pèse en moyenne que 9 grammes.

SA VIE.

Le Toglodyte ne se perche guère que pour chanter. Son cri aigu et grinçant éclate, véhément et saccadé et il semble difficile de l’attribuer à un être si petit. Par contre, chasseur acharné, sans cesse à faible hauteur, il capture les petits insectes (chenilles, papillons, diptères et leurs larves) ainsi que les araignées. Il peut d’ailleurs adopter un vol vibré, sur place, comme les fauvettes.
Insociable de nature, il passe la nuit tout seul dans un nid ou dans une cavité quelconque (tas de bois, lierre, haie touffue). Les jeunes par contre peuvent dormir en groupe surtout lorsqu’il fait froid (regroupement de dix, douze sujets).
Quels sont les milieux qui l’attirent plus particulièrement ?
Le Troglodyte mignon a besoin de trous, de crevasses, de fouillis, de végétation basse où il peut se faufiler. Il apprécie tout particulièrement les talus, fossés, ruisseaux, ravins, pentes raides, tas de bois, fagots, parcs en ville et même très près de l’homme, à la ferme, dans les étables et écuries diverses. Le chant est l’apanage exclusif du mâle ; il joue un rôle considérable dans la vie de ce grand séducteur, souvent polygame …

NIDIFICATION.

L’oiseau ne chante que sur son « territoire » et ceci afin de séduite une femelle à qui fera visiter les nids qu’il a construits. Dès que celle-ci pénètre dans son domaine, son chant se modifie à mesure que croît l’excitation. Il entre dans un nid, sort et rentre plusieurs fois. L’invitation est nette, si la femelle est d’accord, elle répond par un petit cri, des courbettes saccadées et finit par inspecter la niche. Sinon le mâle la suit et cherche à l’attirer vers un autre nid. Toutefois, la femelle ne se décide pas toujours ; de plus, il arrive que, continuant son chemin, elle pénètre chez un autre mâle. Dépité, le premier Troglodyte respectera la « frontière » le séparant de son voisin.
En résumé, ce petit oiseau construit plusieurs nids douillets qu’il fait visiter à toutes les femelles du voisinage. Les mâles les plus habiles retiennent 2 ou 3 femelles, d’où polygamie …

LE NID

Le nid se présente sous la forme d’une boule sphérique ou ovoïde, percée d’un orifice circulaire latéral, la taille de cette niche paraît importante comparativement à celle de l’adulte.
L’assise extérieure est principalement composée de mousse verte plus ou moins mêlée de fougères, feuilles mortes sèches. La couche interne, douillette, comprend de la mousse sèche, des poils ou de la laine, des plumes. Dans la majorité des cas, ce berceau se confond à merveille avec le milieu ambiant par une homochromie parfaite.
Ce nid est placé à faible hauteur, rarement à plus près de 2 m. Au bord d’un fossé, au revers d’un talus, la boule de mousse est masquée dans les racines d’un arbre



ou dans une cavité quelconque, trou d’un mur


. Le Troglodyte n’hésite pas à construire son nid à la ferme, sous le hangar parmi les fagots ou même les petites bottes de haricots secs suspendus.

Il pénètre aussi dans les étables pour adopter un vieux nid d’Hirondelle dont il complète la coupe de terre maçonnée.



Le mâle construit plusieurs nids par saison, ceux qui n’ont pas été adoptés par une femelle sont inachevés et appelés « nids postiches » ou « nids dortoirs ».
Dès la mi-avril une ponte de 6 œufs en moyenne est déposée, œufs blancs plus ou moins tachetés de brun rouge, minuscules (poids frais 1,4 g). La femelle assure seule l’incubation, le mâle d’ailleurs ne s’occupe plus d’elle. Ce nain polygame parvient souvent à séduire une autre femelle ; les deux « épousées » s’entendent d’ailleurs très bien.
La couvaison dure en moyenne 14 à 16 jours. Dès la naissance l’attitude du mâle est variable. L’instinct paternel ne se réveille qu’à l’envol de la nichée.

BAGUAGE.

De 1967 à 2005, en tant que bagueur du C.R.B.P.O. (*) j’ai suivi de nombreux nids et bagué les poussins de 32 d’entre eux. Donc, 169 poussins bagués (moyenne arithmétique : 5,28 par nid). De plus, 34 adultes ont été marqués, soit un total général de 203 sujets bagués.
Le seul contrôle réalisé sur l’espèce concerne un poussin bagué au nid et retrouvé mort 1 an 6 mois après, à 120 km. Quelle performance, pour un poids de 9 g. !...
A la mi-juin, une seconde nichée est commencée. Les pontes de remplacement sont fréquentes car le nid est souvent détruit par les rongeurs ou les intempéries.

Sédentaire en France à basse altitude, le Troglodyte mignon actif fureteur, vivant d’insectes et d’araignées, souffre énormément du froid, des hivers rigoureux avec enneigement prolongé.

Michel BOUILLOT
ex-bagueur du C.R.B.P.O. (*)
(*)Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (Museum National).

Bibliographie :
- Les Passereaux (T.2) Paul Géroudet – Delachaux et Niestlé (1953)
- Guide des Oiseaux – Sélection du Reader’s Digest

Du même auteur sur notre site, en date du 22.12.2013:
Les oiseaux du Morvan
Le cingle plongeur


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