Voyage en Ethiopie du 20/01 au 2/02/2015 de Thierry De Gouvenain, adhérent de Terre et Volcans
(06 Grasse)
Une petite randonnée de 400 m de dénivelé et d'environ 10 km (x2 AR), ce n'est pas bien compliqué !
Nous ne prenons que l'essentiel avec nous sans oublier une frontale car nous partons vers 16 h 30 pour environ 4 h de marche et qu'il va bientôt faire nuit.
Au début, on marche un peu dans le sable puis sur des roches alors que la pente du sentier augmente mais c'est sans grande difficulté. Quelques arrêts pour boire un peu ne vont pas ralentir notre progression.
Vers 20 h 30 nous arrivons au but de notre marche, une crête mais comme il fait nuit nous ne voyons pas vraiment ce qui nous entoure. Quelle drôle d'idée d'être venu là !
Bizarre cette lueur rouge à environ 500 m et ces grognements à côté de nous mais dont on ne distingue pas bien l'origine.
Oups ! J'ai complètement oublié de vous dire que nous sommes au bord de la caldera de l'Erta Ale, en Ethiopie, dans le désert du Danakil, l'un des endroits les plus chauds de la planète. Mea culpa !
La lueur rouge ? C'est le lac permanent de lave du cratère, un des 4 lacs permanents de la Terre (Puu'Oo à Hawaï, Nyiragongo au ex-Congo, Erebus en Antarctique).
Les grognements ? Tout simplement ceux émis par les dromadaires qui ont monté les affaires que nous ne portions pas avec nous et nécessaires pour passer 2 nuits sur cette crête.
Un rapide dîner et nous descendons sur le plancher de laves solidifiées de la caldera que nous parcourons sur environ 500 m au travers de ces anciennes coulées, enchevêtrées dans tous les sens, pour atteindre le bord du cratère actif, d'une centaine de mètres de diamètre, rempli de lave liquide.
C'est du basalte, donc peu chargé en silice et de ce fait très fluide, à la température de 1200 °C.
On ne peut s'approcher à moins de 4-5 m du bord car le rayonnement thermique créé un "mur de la chaleur" sur lequel on vient buter.
De plus, des fissures dans le sol, d'où sortent des gaz chauds et corrosifs rendent prudent.
Mais quel spectacle ! Le lac est zébré de traînées rouges qui se déplacent à sa surface, preuves de mouvements de convection. Toutes les 10 mn environ, l'activité augmente brusquement au centre et des éruptions de lave se produisent pendant 3-4 minutes puis le calme revient.
On reste "scotché" par le spectacle de cette lave en fusion.
Après une telle vision, il ne reste plus qu'à aller se coucher dans des huttes faites de blocs de lave posés les uns sur les autres.
Comme il ne fait pas froid, on ne se couvre pas pour se coucher mais au bout d'un moment, le vent, chargé de sable volcanique, se met à souffler et passe entre les blocs de lave des murs; alors, on enfile une polaire mais rapidement cela ne suffit pas et c'est la Gore-Tex que l'on enfile bien que nous ne sommes qu'à une altitude de 600 m environ.
Réveil, on décide de faire le tour de la caldera afin d'aller voir le cratère nord, solidifié, mais au centre duquel se dresse une aiguille d'une trentaine de mètres et qui fume.
Ce cratère est bien plus vaste que le cratère sud actif; des coulées solidifiées le parcourent en tous sens et il y a là une belle leçon de volcanologie à ciel ouvert.
Nos pas nous ramènent vers le cratère sud, toujours aussi actif mais que nous voyons maintenant sous l'éclairage du Soleil. Même spectacle que de nuit mais le puits est bien visible et ses dimensions nous laissent voir la masse de lave qu'il contient.
Retour au campement, repas et sieste l'après-midi car il fait chaud !
On ne peux rester là à attendre la descente du lendemain matin sans rien faire alors que nous avons cette merveille de la nature à côté de nous.
Nous repartons vers le cratère actif, décidés à y rester jusqu'à la nuit (qui arrive vers 18 h). Que dire de plus que du déjà dit ? C'est toujours les mêmes phénomènes mais on ne s'en lasse pas ! Des mouvements de surface, des éruptions qui commencent au centre mais se déplacent ensuite vers la paroi nord, ... c'est splendide !
Retour au camp, nuit aussi ventée que la précédente, puis descente au petit matin pour rejoindre les 4x4 qui nous conduiront vers cet autre site fantastique, le site volcano-hydrothermal de Dallol, mais c'est une autre randonné d'hiver car il y fait bien chaud.
Voilà donc une petite randonnée à faire quand il fait froid chez nous, histoire de se réchauffer au bord d'un lac de lave !
Amicalement.
Thierry De Gouvenain