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titre:L'île volcanique de Madère
auteur:Jacques Sintès
date:09-10-2017 
lien:http://www.futura-sciences.com/fr/scientifique/t/terre/d/sintes_53/ 


Ayant effectué 2 séjours à Madère pour découvrir cette île volcanique qui m'attirait depuis longtemps mais dont la formation me posait des problèmes, j'ai ainsi réalisé un des mes (nombreux) rêves.


Photo : J. Sintès.


Ayant la possibilité d'aller la parcourir et de m'incoporer à un groupe qui étudiait la biodiversité de cette île, je passais un séjour particulièrement excitant sur ce laboratoire naturel.

FORMATION ET GEOMORPHOLOGIE


Madère est une île volcanique, surtout basaltique.
C’est un appareil volcanique jeune – d’environ 35 millions d’années – émergé de l’océan par éruptions successives, de type « point chaud » et son émersion ne remonte qu’à 8 millions d’années.


Photo : J. Sintès.


La dorsale de l’île a été formée par la coalescence de quatre grands centres éruptifs qui en constituent l’arête centrale. L’île se divise d’une façon naturelle en deux parties séparées par cette arête, la Ribeira Brava et la Ribeira de Sào Vicente.
A l’Est de cet axe se trouve la plus grande concentration volcanique avec les plus hauts sommets : le Pico Ruivo (1861 m), le Pico das Torres (1851 m) et le Pico de Arieiro (1818 m). Mais l’île en compte une centaine de plus de 1000 m de hauteur et une vingtaine de plus de 1500 m !


Photo : J. Sintès


A cette même époque, la Méditerranée commençait à se fermer et le volcanisme était encore en activité vers le Cantal.

La géomorphologie de Madère, avec des falaises au Sud et au Nord, est surprenante pour une île volcanique de « point chaud » que l’on croyait située sur la même dorsale atlantique que l’archipel des Açores. En réalité, son substratum repose sur un plan presque horizontal, rattaché au plancher océanique africain, dans les zones profondes du manteau terrestre, ce qui explique l’uniformité de l’ensemble des falaises et sa stabilité. Aucune secousse sismique importante n’a été enregistrée depuis sa découverte.

La formation des volcans de type « point chaud » demande des millions d’années, car l’activité éruptive sous-marine est freinée par la pression de l’eau et, à l’approche de la surface, par des éruptions subaériennes (phréato-magmatiques) violentes qui décapitent le sommet du cratère, au moment de la rencontre du magma et de l’eau.

Après émersion, la formation de l’édifice volcanique est bien plus rapide, grâce à l’accumulation des coulées.

Sur la côte Sud, la falaise de Cabo Girao est l’une des plus hautes du monde, avec près de 600 m de hauteur.

Les affaissements des zones centrales obstruaient les filons d’alimentation. Les réactivations internes formaient des fracturations et des fissures dans lesquelles se produisaient des intrusions de magma, provoquant des éruptions fissurales (qui donneront naissance à des dykes).

Les fortes pressions centrales, gonflant les flancs du volcan, procurent une instabilité des cônes adventifs qui, au cours des siècles, vont subir des secousses sismiques, mais, surtout, l’érosion par l’eau et les vents, créant des gorges profondes (les ribeiras).

En différents points de l’île nous trouvons de nombreux orgues basaltiques, prouvant l’importance du débit des coulées, de leur écoulement rapide et de l’humidité des zones rencontrées ; hélas, certains sites sont transformés en carrières.

Les nombreux sommets, le relief sculpté par l’érosion, les ravins profonds, rendent ces régions difficiles d’accès et il est impossible – dans la partie centrale – de ne pas penser à l’île de La Réunion.

Mais, lors de la formation des différents centres éruptifs, en particulier vers le Pico Ruivo, les coulées de basalte (voire de lacs magmatiques) devaient être très importantes à en juger par le nombre impressionnant de dykes (filon de roche magmatique dégagé par l’érosion).

Ceci, rajouté au courage et au travail légendaire des portugais qui ont aménagé ces « ponts » naturels reliant plusieurs gorges, font que Madère est un paradis pour les randonneurs, mais aussi pour les volcanologues et géologues. On y trouve même, sculptés dans le basalte, des sièges, ainsi que des tables pour pique-niquer.


Photo : J. Sintès.


Cette île a été baptisée l'île aux fleurs, en voici une preuve !!


Photo: J. Sintès.


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