AU-DESSOUS DU VOLCAN
Avec ses 3000 m de hauteur, dont seulement 900 au-dessus de la mer Tyrrhénienne, le Stromboli est l’un des volcans les plus connus de la planète.
Photo : J. Sintès
En éruption continue depuis 1400 ans, il est célèbre pour ses explosions périodiques, dites « stromboliennes », projetant toutes les dix minutes des scories et des fragments de lave fondue dans l’atmosphère. Celles-ci sont dues à l’éclatement de « grosses bulles » de gaz en surpression qui remontent les conduits remplis de magma.
Jusqu’à présent, d’après les signaux sismiques et acoustiques associés à ces explosions, la formation de ces poches de gaz, par coalescence de bulles plus petites, était localisée à 250 mètres du sommet du volcan.
Une équipe de scientifiques italiens et français, spécialisée dans l’étude des gaz volcaniques et menée par Patrick Allard, directeur de recherche au Laboratoire Pierre-Sue (CEA-CNRS) à Saclay, a démontré qu’elles se forment en réalité bien plus profondément : à - 2000 mètres au-dessous du niveau de la mer, soit à la base même de l’édifice volcanique.
Pour obtenir ce résultat, les chercheurs ont analysé pendant deux ans les gaz émis par le volcan avec un nouvel instrument de télédétection : un
« spectromètre infrarouge à transformée de Fourier en parcours ouvert » (OP-FTIR).
Photo : Tom Pfieffer
Positionné à 200 mètres du cratère, l’instrument a permis de mesurer toutes les 4 secondes la composition chimique des roches explosives (1100°C), et celle des émissions gazeuses calmes entre les explosions.
Leur comparaison avec un modèle de dégazage du magma, développé à partir d’analyses des gaz dissous effectuées au Laboratoire Pierre-Sue, a ainsi permis de déterminer pour la première fois la profondeur réelle des explosions du Stromboli.
Encouragés par ce premier succès, les chercheurs souhaitent maintenant utiliser la même méthode pour étudier, puis prévoir, un autre type d’explosions, dites « cataclysmiques » et aujourd’hui imprévisibles.
Au-delà de la prévention des dangers, un meilleur modèle des éruptions tiré de ces données permettra de quantifier plus finement les quantités de gaz émises dans l’atmosphère par les volcans, et leur rôle potentiel dans les évolutions climatiques.
Source : Les défis du CEA n°126- novembre 2007-p.11 : QUOI DE NEUF ?